Qui sommes-nous ?
Le Collège Coopératif de Paris est un organisme de formations supérieures continue et de recherche action pour les professionnels et bénévoles de l’intervention sociale, des Sciences de l’éducation et la formation de l’insertion, du handicap, de la médiation, de la prévention et de l’économie sociale et solidaire
Valeurs, Fondements et Références
Le Collège Coopératif de Paris s’identifie à une culture inédite de la formation. Cette culture est caractérisée par un ensemble de valeurs philosophiques et de principes pédagogiques en application tant en présentiel qu’à distance.
Il s’agit en effet, d’une culture basée sur les principes de la collégialité tout au long de la formation ainsi que celui de la reconnaissance, de la validation et de la valorisation des acquis de l’expérience de chaque personne apprenante. Cette culture de la formation est repérable également par la particularité de l’approche pédagogique envisagée lors de chaque formation. Une approche visant notamment le changement de la situation traitée ainsi que le développement dans toutes ses dimensions personnelles, professionnelles, celles des pratiques et des pays.
NOS MISSIONS
Promouvoir
Promouvoir l’éducation et la formation tout au long de la vie,
Accompagner
Accompagner l’émergence de nouvelles professionnalités
Contribuer
Contribuer au développement des initiatives coopératives et solidaires
LA RECHERCHE – ACTION
Par Mehdi FARZAD
A la lecture de plusieurs auteurs ayant abordé la recherche-action, on constate que tous n’ont pas la même interprétation de cette approche.
On attribue généralement l’invention de la notion de recherche-action à Kurt LEWIN. Or, c’est John COLLIER l’anthropologue américain qui en réalité avait utilisé ce terme pour la première fois.
Selon J. COLLIER, la recherche-action est l’œuvre d’un expert, spécialiste en Sciences sociales, qui vient du dehors dans une situation donnée et se propose de la faire évoluer à partir d’un diagnostic relatif à cette situation.
Agissant comme Commissaire aux affaires indiennes aux États-Unis, J. COLLIER à la recherche de solutions pour résoudre des problèmes sociaux et ethniques vécus aux États-Unis avec les tribus autochtones fait un constat important. Ses travaux et ses interrogations afin d’améliorer les conditions de vie des communautés amérindiennes opprimées lui ont réuni les conditions favorables pour découvrir la pertinence d’une approche qu’il a pu nommer la recherche-action. Sa présence sur le terrain et ses travaux lui ont permis de faire quelques constats. Il a remarqué que lorsque la recherche sociale part d’un besoin d’agir, qu’elle intègre plusieurs disciplines, qu’elle implique les administrateurs publics aussi bien que les personnes qui vivent les problèmes et qu’elle est utilisée dans l’action, elle donne alors des résultats bien plus productifs et plus véridiques que les études sociales disciplinaires traditionnelles.
En réalité, il pensait que c’est à partir du besoin d’agir que la connaissance acquiert un pouvoir dynamique.
Selon deux chercheurs de l’Université de Sherbrooke, la recherche-action est une approche qui part du principe selon lequel, c’est par l’action que l’on peut générer des connaissances scientifiques utiles pour comprendre et changer la réalité sociale des individus et des systèmes sociaux.
En fait, cette approche met en question la séparation radicale que beaucoup de gens font entre la théorie et la pratique. Il ne faut pas oublier que dans le cadre d’une recherche traditionnelle hypothético-déductive c’est le chercheur qui détermine à l’avance le contour du cadre théorique dans lequel il s’inscrit. De ce fait, il détermine de façon intéressée les variables en cause et spécifie les hypothèses qu’il entretient concernant les relations qui existent entre ces variables. Or, en situation de recherche-action, la théorie facilite la compréhension des situations et permet d’agir sur les problèmes réels que l’on rencontre sur le terrain.
À la même époque, Kurt LEWIN intéressé par la recherche-action voulait la promouvoir en tant qu’approche scientifique légitime en psychologie sociale pour étudier la vie et la dynamique des groupes. Ses premiers travaux précurseurs de la recherche-action à la State University of Iowa aux États-Unis, avaient concerné le changement des habitudes alimentaires des familles américaines lié au rationnement des denrées au cours de la Deuxième Guerre mondiale.
LEWIN voulait que les Science sociales soient en mesure de résoudre des problèmes sociaux observés dans des situations concrètes. Des problèmes liés aux interventions militaires, aux conflits au sein des groupes, des préjugés envers les minorités, etc., étaient des situations que LEWIN voulait changer de manière durable. C’est ainsi qu’en développant la recherche-action il a pu mettre l’accent sur plusieurs caractéristiques principales. L’approche de la recherche-action selon LEWIN est :
– Un processus cyclique de planification, d’action et d’observation en vue d’évaluer les résultats ;
– La rétroaction des résultats de la recherche aux groupes d’intérêts impliqués ;
– La coopération entre les chercheurs, les praticiens et les clients du début à la fin du processus ;
– L’application des principes qui gouvernent la prise de décision en groupe ;
– La prise en compte des différences dans les systèmes de valeurs et les structures de pouvoir des parties impliquées dans la recherche ;
– L’utilisation concomitante de la recherche-action pour résoudre un problème et générer des connaissances nouvelles.
A la lecture de tout ce que l’on vient de voir, il est possible de confirmer que la première approche de la recherche-action développée par J. COLLIER, et K. LEWIN consiste à :
- La recherche-action est réalisée avec les gens plutôt que sur les gens :
- La recherche-action trouve son ancrage dans l’action et dans la nécessité d’agir pour changer les choses ;
- Contrairement au processus de recherche traditionnelle qui emprunte une voie linéaire, la recherche-action adopte surtout une démarche cyclique.
Dans la perspective de la recherche-action présentée par J. COLLIER et K. LEWIN, chaque recherche était marquée par plusieurs phases dont la première concerne la planification de l’intervention ; celle-ci était suivie par la mise en œuvre d’une première étape du plan d’intervention avec observation des effets, la planification d’une nouvelle étape à partir des résultats obtenus et ainsi de suite. Ce schéma renvoie en effet à un mouvement en spirale fondé sur le redéploiement continu des relations entre pratiques, observation et théorisation. Cette forme de recherche-action classique est en conformité avec un travail d’expertise et de médiation.
Parallèlement à l’approche de COLLIER/LEWIN, d’autres approches de la recherche-action ont été développées en se démarquant du schéma lewinien tant sur la forme qu’au niveau du contenu. Alors qu’habituellement, la recherche-action était assurée par un expert venant de l’extérieur et intervenant en qualité de consultant avec un groupe, lors des nouvelles approches, la recherche pouvait être assurée par une personne intérieure au groupe. En fait, tout comme certaines pratiques ethnographiques, dans le cadre des nouvelles approches de recherche-action, les chercheurs pouvaient être choisis parmi des praticiens engagés. Pour mieux comprendre cette différence d’approche, on peut se rappeler certaines recherches-actions réalisées au sein des établissements scolaires. Dans le cas Lewinien, le personnel de l’établissement faisait appel à un chercheur extérieur pour aborder les problèmes auxquels ils étaient confrontés. Or, lors de cette nouvelle approche, la recherche-action pouvaient être assurées par un chercheur appartenant à l’établissement concerné.